mardi 5 août 2014

Il y a 225 ans, jour pour jour, c'était la nuit du 4 août 1789...

En fait, la Révolution française a vraiment vu le jour au cours de cette nuit du 4 au 5 août 1789 à l’Assemblée Constituante.



Depuis la prise de la Bastille, ça s'agite dans les campagnes. On pend quelques seigneurs à droite à gauche et on brûle en particulier les documents qui servent à établir les droits seigneuriaux (les livres terriers).

L'idée commence à faire son chemin qu'il faut changer quelque chose et que ça ne peut pas durer comme ça. De plus, on semble avoir compris en haut lieu qu'une répression brutale n'est pas la solution. 


À l'Assemblée Constituante, le Vicomte de Noailles, un jeune noble désargenté, très en forme ce soir-là, propose d'établir l'égalité de tous devant l'impôt, la suppression pure et simple des corvées, mainmortes et autres servitudes personnelles. Quant aux autres droits, ils seraient rachetables. 



Un vrai délire s'empare de la Constituante et tout le monde y va de sa proposition et c'est pêle-mêle qu'on se dit prêt à abolir le droit de chasse, l'esclavage, à libérer des Noirs (à l'époque, on disait Nègres !), à permettre à tout le monde d'accéder aux fonctions publiques... On a même vu des membres du clergé proposer de supprimer la dîme, l'impôt qui leur était payé principalement par les pauvres. Et pour finir cette incroyable nuit, les députés se sont congratulés en pleurant !



Si on examine d'un peu plus près ce qui s'est passé, on s'aperçoit que les nobles, en s'alliant pour la circonstance avec le tiers-état, ont cherché avant tout à abolir les privilèges... du clergé, lequel, pour leur rendre la monnaie de leur pièce, s'est rapproché du tiers-état pour abolir les privilèges... des nobles.

Mais peu importe, l’important n'était-il pas que les privilèges tombent
Il y a vraiment eu, cette nuit-là, une volonté commune de mettre en pratique les idées généreuses d'Égalité et de Fraternité développées déjà depuis un certain temps par quelques philosophes. 



Et c'est le 11 août qu'est tombé le décret mettait fin au régime féodal.



Et aujourd'hui, la question iconoclaste : où en est-on ?



Le gros problème avec le mot « révolution », c'est qu'il signifie le retour au point de départ. En d'autres termes, un nouvel ordre se développe mais il comporte toujours son lot de privilégiés du régime quel qu'il soit. Bien sur, tout régime a besoin d'une « élite » pour conduire sa politique quotidienne, penser son devenir, etc

Aujourd'hui la génétique des « élites » a quelque peu changé : la naissance pèse moins lourd et a été assez largement remplacée par l'appartenance à des écoles, des clubs, des associations d'anciens élèves, des organisations plus ou moins secrètes, des « franc-maçonneries » diverses, etc., etc.
Comme il y avait à l'époque parmi les nobles et les bourgeois des gens remarquable, il y en a aujourd'hui au sein de ces élites publiques et privées ; des gens qui ont un véritable sens du service public ou conçoivent leurs entreprises comme des entités humaines avec tout ce que cela implique, savent bien souvent penser le devenir en termes de progrès, notamment social.

Mais ils se heurtent encore et toujours aux vieilles forces conservatrices, voire réactionnaires, qui pullulent sur le devant de la scène... malgré leurs discours qui se veulent bien souvent d'avant-garde (je crois qu'on dit « de gauche », aujourd'hui). On se considère en quelque sorte d'une autre « essence » que le « peuple » qu'on ne connaît pas et qu'on ne veut pas connaître. C'est en fait un syndrome 1787 !

Tous ces gens occupent les premières pages de la presse, people ou autre. Même s'ils constituent une minorité, ils sont envahissants. C'est chez eux qu'on trouve le plus de nouveaux riches, toujours plus riches, plus contents d'eux, plus suffisants et méprisants , plus vulgaires que jamais !

Il serait fastidieux de tenter d'en dresser la liste. On les trouve dans le privé comme dans le public, au sommet de l'État comme dans nos campagnes.


Afin de finir sur un sourire pour ne pas avoir à pleurer, on citera l'article de « Mediapart » sur le sujet, qui rappelle le mot d'Alphonse Allais : « Il est toujours avantageux de porter un titre nobiliaire. Être « de quelque chose », ça pose un homme, comme être « de garenne », ça pose un lapin » !

SR


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