vendredi 29 janvier 2016

La chronique de l'Expat.

Notre Expat. se souvient du rôle important des cloches autrefois (au cours des années 50...)

Les états erratiques de notre bon St Carad’heuc, relayés par l'Echauguette, m’ont ramené ces souvenirs.

Blotti sous mon édredon, pluie battante dehors, je ne dormais pas. Et, seul témoin de mon insomnie, l’horloge du clocher rythmait ma nuit.
À cette époque, on ne recevait sa (première) montre que pour sa première communion; une bonne montre solide, faite à Besançon, et à des années lumières de nos montres connectées actuelles, qui ont plus pour vocation de rester branchées sur le monde que de donner l’heure! Alors, le seul moyen de constater l’écoulement du temps, la nuit, quand on est gamin, restait St Carad’heuc. En plus cela nous faisait réviser notre calcul! 1 coup au quart, 2 à la demie, 3 aux 45mn, et 4 coups, précédant le battement de l’heure; pour minuit, donc, au total 16 coups! Et quand on entendait 1 coup, il fallait attendre 45 mn pour savoir l’heure.


Toute la vie du bourg était reliée aux cloches; et souvent, il y avait décalage entre la pendule de la mairie, et celle de l’église- la bonne vieille rivalité église et laïcité, disaient les mécréants. Dans cette course, souvent la mairie était en avance!

Les cloches rythmaient les baptêmes, les mariages, les décès (avec le glas). On se levait à l’angélus (7h10, si je me souviens bien!) Les cloches étaient la vie qui coule, tranquille, immuable. Et puis un jour, les cloches ont cessé de représenter cela; on la commencé à les voir (ou plutôt les entendre) comme bruyantes, et pas au goût du jour; comme les grosses horloges franc-comtoises, elles se sont raréfiées, faites discrètes, et même parfois ont totalement disparu. Comme si le pays retenait son souffle. D’ailleurs, entre le vendredi saint et Pâques, quand elles partaient pour Rome, toute la ville en ressentait le vide.

Aujourd’hui encore, quand je me promène dans les petits villages de mon pays d’adoption, si j’entends les cloches, je m’arrête, j’ouvre la vitre de ma voiture, et j’écoute, j’essaie de discerner le nombre, le timbre; l’émotion revient à chaque fois.

Et ma montre de communion, je l’ai toujours. Oui, il faut la remonter, le bracelet en métal est très démodé, le verre est rayé, mais elle fonctionne toujours, cinquante ans après. En fait, elle me dépanne toujours quand mon gadget habituel me laisse en rade faute de piles…

Tempus fugit (Virgile, les Georgiques)

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