lundi 27 juin 2016

La chronique de l’Expat

Chronique 11, c’est l’été…de mes 9 ans. 

Histoire, nostalgie, douceur d'une vie sans haine et sans violence dans un DONZY apaisé qui nous paraît bien loin. On peut même se demander si cela a réellement existé. Notre Expat nous décrit un monde qui a été très bien rendu dans le film « la guerre des boutons».
Mais lisez donc ce que nous écrit notre Ami du fond des Amériques en cliquant sur SUITE DE L'ARTICLE ci-dessous.

À quelques signes pas très discrets, on les sentait venir, les vacances; les jeunes tilleuls avaient été taillés par les cantonniers; la grosse foire de Pentecôte avait tenu toutes ses promesses, et le bourg avait vécu ce lundi là toute une agitation dont il n’était pas coutumier. 

La fête foraine de St Carad’heuc s’était installée place de la maire, et en sortant de l’école, peu après le sifflet de la machine à vapeur de la scierie Narcy, les gamins pouvaient aller voir les camions rouge et crème des forains, et assister au montage ( le jeudi, on n’avait pas école, seulement cathé!), voire même donner un petit coup de main qui serait payé en tours de manège. Aucun doute, l’été arrivait et avec l’été, les vacances, les grandes vacances… 

Les vacances… Cela signifiait plein de temps libre à baguenauder dans et autour de Donzy; cauchemar des parents, sans doute, très occupés, et qui nous laissaient champ libre, ne serait-ce que pour ne pas nous avoir toute la journée dans les jambes! Donc, pour ceux qui n’avaient pas la chance de partir en colo ou en camp scout, l’été c’était vélo, balade à pied, baignade, chasse aux mûres… 

Le vélo, pour aller n’importe où dans un rayon de 25km; je connais toutes les côtes, que très souvent je terminais à pied. J’aimais bien aller à Cosne, pour me percher sur le pont de Cours et me prendre un bain de vapeur au passage des dernières locomotives à vapeur. Casse-croûte sur le bord de Loire (pain et barre de chocolat Cardon), et retour à Donzy, passage devant les 4 cerisiers juste après Pougny, visite au Fontbout, ou un héron nichait souvent. Autre grosse côte, et ensuite une formidable pointe de vitesse dans la descente des Buffats. Sans freiner. Sans casque. Parfois on y laissait quelques genoux écorchés, mais cela nous paraissait normal. Nos parents ne nous surprotégeaient pas, ils savaient que l’on doit parfois se brûler pour savoir ce qu’est le feu! 

Balade à pied, pour aller chercher les mûres; sur l’ancienne voie de chemin de fer, au pied de Donzy le Pré, il y avait des talles (comme on dit au Québec) de ronces qui nous griffaient les mollets mais donnaient des mûres énormes, juteuses, parfumées, nous barbouillant les babines et les doigts. Et le cerisier dont les branches pendaient au-delà des murs de l’Éminence était sûr aussi de recevoir ma visite, ainsi que des pruniers plus ou moins abandonnés dans les Leignes (qui me valurent quelques belles coliques, avec des prunes pas mûres!) 

Et la baignade? Pas de piscine, à l’époque. Dans le Nohain d’avant remembrement, il y avait une baignade aménagée derrière les (pas encore construites) usines Soyez. Non, l’eau n’était pas limpide, habitée de carpes et de grenouilles, mais en pleine chaleur, sous les frondaisons, qu’est-ce qu’on était bien! Pas de montre, on réglait nos heures sur les sonneries du clocher. Et pour apprendre à nager, on se lançait! Personne ne s’est jamais noyé, mais on a bu de fameuses tasses, fortifiant notre système immunitaire! 

L’été c’était aussi le 14 juillet, avec la retraite aux flambeaux (quelques maigres loupiottes qui ne duraient guère…), le mât de beaupré lancé au-dessus du Nohain sur le quai Émile Palet, et qui nous a valu de belles baignades pas volontaires, la course à la cuillère, la course en sac, et, hautement intéressant, le goûter offert aux enfants par la ville, tartelettes, et Pschitt orange. 

C’étaient mes étés. J’avais 9 ans, 10 ans… 

Bonnes vacances à toutes et tous, Donziais ou visiteurs! 

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